Si j’écris, c’est pour tromper la mort ;
Pour fleurir de désir l’automnal désamour.
En vigile douleur, regarder le soleil, à m’en brûler les yeux.
Rassurer de mes mots le tumulte des sens
Tenir le caillou blanc qu’une mère a donné
Serré fort dans ma main, jamais ne le lâcher.
Si j’écris, c’est pour tisser de moi le châle de vos rêves
Que vous revêtirez lorsque vous aurez froid,
Qui vous réchauffera lorsque vous serez seuls,
Essuiera sur vos fronts le sel de la douleur.
Si j’écris, c’est que j’aime,
Et les gens et les bêtes,
Au soleil se levant la marée déferlant,
Et que rien n’est plus doux qu’un sourire de vous.
J’écris pour le partage
De ce vertige devant l’étoile
Qui sauve l’homme de l’homme …
Pour m’enivrer de nous, poussières de soleil,
Pour oublier la nuit que nous avons au cœur
Car vois-tu dans mes mots
Je suis toi, je te suis,
Nous me sommes et je t’aime.
Sur le fil de mes mots hésitent funambules,
Le mystère de nous ou l’absurde du rien,
Aimer à en mourir, mourir de n’aimer point.
J’écris pour faire honte à Dieu
Qui fit l’ange médiocre usant ses plumes blanches
A écrire noir sur le bleu vagabond du ciel.
J’écris pour le partage
De ce vertige devant l’étoile
Qui sauve l’homme de l’homme …
Et mort, je vous dirai :
Le poète ne meurt, il s’endort seulement
Et continue de lire au regard des enfants
Les flammes épargnées d’invisibles beautés.
Dans le vide du lit qu’a creusé son amour,
Il reste la chaleur des mots qu’il a offerts.
24 mai 2006