L’été venait de rendre l’âme
Les éstivants en ont fait le deuil
En pliant bagages et vacarmes
L’océan retrouva sa paix
Ainsi que sa dulcinée
Au sable fin et fauve
Qu’il éssaie désesperement
D’emprisonner
Dans des étreintes itératives
Et baveuses
Lui jouant à l’infini
Sa symphonie "vagueresque".
Il vint comme à l’accoutumée
Peu avant le coucher
S’installa au même endroit
Aux côtés de son inséparable
Belle et ténébreuse compagne
Sa solitude
Il aimait assister à la mise à mort
Du jour qui s’en va
Se délecter de ses blèssures
Rouges et incandéscentes
Lorsque le soleil plonge
Dans l’implacable gueule
Du grand bleu
Lâchant dans ses derniers soubresauts
Des panaches grises
Annonçant l’emprise des ténèbres
Il aimait sentir se dilater
Tous les pores de son corps fatigué
Lorsque viennent chatouiller ses narines
Les doux éffluves iodés
Et que le bruit du flux et reflux
Fait voguer sa mémoire éreintée
Vers les lointaines iles du passé
Le passé,ce mort qui réssucite
Chaque fois qu’un besoin nostalgique
Incite à troquer un présent actif
Malgré sa sclérose
Pour une légende morte et enterrée
Malgré parfois sa douleur
Il se demandait souvent
Si cet océan qu’il affectionnait tant
Avait une mémoire
Mais il ne le croyait pas
L’océan n’a que faire d’aller profaner
Les tombes du passé
Seul l’humain peut parfois rester
Accroché à une stèle
Dans l’immense cimetière de l’oubli
L’océan lui est toujours occupé
A composer des vagues.
Comme le froid se faisait sentir
Il releva le col de sa vèste
Poussa comme d’habitude
Un long soupir
Fèrma les yeux
Et plongea dans les profondeurs
Glauques
De son océan interieur
Où ses rêves les plus chers
Avaient jadis fait naufrage
Cet infini océan invisible
Où ne peut s’aventurer dans ses abysses
Qu’un seul et unique baigneur
La mémoire.
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Le vieil homme et l’océan
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