Ils ont au fond des yeux cet éternel soleil
Qui les escortera jusqu’au dernier sommeil.
Ils subissent comme d’autres les outrages du temps
Et pourtant leurs sourires ont un air de printemps.
Leur chemin est tracé et rien ne les arrête
Ni les coups du destin ni les mauvais prophètes.
Cela fait si longtemps qu’ils ont brisé leurs chaînes
Qu’ils ne redoutent plus les vindictes et les haines.
Dans une enfance brisée, dans des jours incertains,
Dans la peur de demain, dans la boue des chemins,
En prison, dans la guerre, la misère et le bruit,
Dans l’insulte et le cri, dans le fracas et la nuit,
Dans les brasiers allumés aux quatre coins des villes,
Dans les faux évangiles et les mots inutiles,
Dans les tourments subis et les peines endurées,
Dans les vies qui palpitent, sous les pierres murées,
Ils ont puisé la force pour encore recommencer,
Se dresser, s’ébrouer et toujours avancer
Car les maux ne sont rien si le corps et l’esprit
S’associent pour bannir et la brume et la nuit.
A l’aube du jour suivant débutera l’enfance
D’un homme à venir conjuguant l’espérance.