En bordure des bois, sous un grand iroko,
Une mère éléphant et son éléphanteau,
Dégustent les fruits mûrs d’un goyavier sauvage.
Un courant d’air léger glisse sur les feuillages.
Le soleil déclinant couronne la forêt
D’un halo transparent de lumière dorée.
Les ombres grandissent colorant la prairie,
D’un nocturne lavis de sombres rêveries.
Un potamochère les oreilles tendues,
Du groin fouille à terre dans les fruits répandus
Au pied d’un fromager, à la cime tétée
Par la foudre bleutée d’un orage d’été.
Trois ou quatre buffles ruminant leur ennui,
Hument, mufles au vent, les senteurs de la nuit.
Ces parfums entêtants aux effluves sucrées,
S’élèvent de buissons aux feuilles échancrées.
Les fleurs les plus ténues, invisibles le jour,
Expriment dans le noir leur appétit d’amour.
Est ce timidité si quelques ingénues,
Ne se dévoilent que l’obscurité venue ?
Dans la grande forêt où rien n’est dérisoire,
Les parfums vanillés sont angélus du soir.
Il font un signal clair à tous les prédateurs,
Qui se mettent en chasse aux premières senteurs.
La loi de la jungle se pare de fragrances,
Subtiles, grisantes, mais pleines de souffrances,
Lorsque l’odeur du sang se mêle de vanille,
L’arôme de la mort s’unit aux grenadilles.