Le sort en fut jeté, amère fut la peine
Qui me vit condamné sans espoir de sortie
Le verdict est tombé comme un coup qu’on assène
Me voilà prisonnier d’une éternelle nuit
Et même si je sais l’odeur des primevères
La musique des mots et les baisers du vent
Si j’entends les murmures qui coulent des rivières
Plus jamais ne verrai la couleur d’un printemps
Mes yeux se sont éteints, mais je vois dans ma tête
Je pose des pastels, je crée mon décorum
Mon cœur est un pinceau, ton âme sa palette
Qui va du rose pâle, au bleu cæruleum
Qu’importe le flacon, lorsqu’on goûte à l’ivresse
Les courbes de ton corps, si je ne les vois pas
Je les apprends par cœur quand mes mains les caressent
J’en connais les secrets sur le bout de mes doigts
Moi qui sais de tes mots le poids de leur absence
Je connais tes douleurs, toi qui ne parles pas
Si tes yeux voient pour moi, j’écoute tes silences
J’irais jusqu’en enfer s’il s’y trouvait ta voix
Messieurs les clairvoyants écoutez ce message
Ne faites plus du noir, la couleur de la mort
Et vous les beaux parleurs oubliez cet adage
Ne dites plus jamais que le silence est d’or