Fuir !
Fuir en foulant volontiers d’une rime allure
L’espace trop noirci de la ville dorure
Pour rejoindre gaiement - ô ma joie sur l’instant,
L’espace virginal des terres et des champs !
Voilà la liberté !
Courir !
Courir en plantant mon visage aux quatre vents
L’espace d’un éclat de rire dans le temps
Pour happer cette feuille gorgée de soleil
Au détour d’un chemin loyal pourpre et vermeil !
Voilà la liberté !
Bondir !
Bondir en regrettant - ô bel oiseau envié,
L’espace fini de mes ailes déployées,
Pour contempler du haut de la chaste verdure
L’espace souverain de la Dame Nature !
Voilà la liberté !
Frémir !
Frémir en pensant naïvement l’Homme bon
L’espace enfin franchi - ô vaine Rédemption,
Pour supplier que des demains radieux se lèvent
L’espace dépassé des guerrières querelles !
Voilà la liberté !
Gémir !
Gémir en protégeant mes larmes bien amères
L’espace chaviré de mes saintes chimères
Pour n’être pas de la caste du ciel - ô Dieu,
L’espace utopique de mes vœux silencieux !
Voilà la liberté !
Mourir !
Mourir en mêlant humblement mes pauvres chairs
L’espace décomposé de mes sens en terre
Pour me fondre sûrement dans cet absolu,
L’espace - ô combien reposant - de l’Inconnu !
Voilà la liberté !
Vagir !
Vagir en implorant que le Céleste Monde
Absoudra mes fautes : - Ah ! On les dit impies ?
L’espace de l’infernal Styx : – Ouf ! Que de monde !
Quant à lui, liera mon âme perdue à vie.
L’espace salvateur du dernier Jugement
Vaincra – dit-on, les Hommes aux péchés si grands.
Voilà la liberté !
Holà ! Stop ! Moi, qui suis la plume de tes strophes,
Je dis : - « la dernière frise la catastrophe !
Ressaisis-toi mon bonhomme ; cesse de fuir
Celui que tu es encore et qui aime jouir ! »
« Va donc tordre le cou à ces vagissements,
Le Ciel est bien sourd pour le héler vainement !
Et qu’attendre ici-bas, si ce n’est espérer
Vivre tes rêves des seuls plaisirs saupoudrés ? »
« Encor’ que je ne souffrirai qu’alexandrins,
six pieds et césures pour clamer ton chemin :
Va ! Reprends au dernier « voilà la liberté ! »,
Et dis-nous comment tu entends bien t’amender ! »
" Vagir !
Vagir en implorant que le Céleste Monde
Absoudra mes fautes..."
"L’espace salvateur du dernier Jugement
Vaincra – dit-on, les Hommes aux péchés si grands.
Voilà la liberté !"
Voilà la liberté ?
Vagir pour s’amender ?
Espérer m’amender ?
Fi ! - Oh ! bien pesé ! - raisonnable enfin, je dis :
" Honorant le frivole à l’autel de ma Vie,
Les prudes bigoteries ignorées, j’irai
Hors des vertueux clous – oui ! je traverserai !"
Voilà la Liberté !
Aux mil’ vents ! la vile luxure je louerai
Happant les âmes béates aux saveurs dorées ;
Cependant qu’au faste soleil de l’abandon
Tous ! – fourbes ! coasserez en chœur : " - Est-ce bon ? "
Voilà Ma Liberté !
Alors qu’aux cent temps des brasures déclinées,
Mon cœur aduste, privé des senteurs conjuguées,
S’offrira au parfait temps de l’exécution,
Vous – félons ! mugirez dans son dos : " - Fut-il bon ? "
Voilà Votre Liberté !
Noël.
Octobre 2008