Entends tu le Blues triste des vieux nègres marrons ?
Swing aux sons lancinants, aux silences si longs,
Emporté par le vent, vers les champs de coton,
De Floride, de Louisiane ou de Rouge Bâton.
J’entends un rire d’enfant aux nuances fragiles
Se mêler par instant aux harmonies des îles.
Entends tu le bruit sourd des tambours de l’Afrique ?
S’unissant aux sons courts, bizarres et métalliques,
Des gwokas, des steel-bands, des guitares électriques,
Dans un Reggae de feu, à Kingston, Jamaïque.
J’entends, se répondant en un écho tonique,
Mélopées africaines et mélodies tropiques.
Entends tu la Salsa des gamins de Cuba ?
Staccato des couteaux découpant le copra,
Le bruit sec des machettes sur les tiges almandines
Des roses porcelaine, au rythme des Biguines.
J’entends ces harmonies que distillent les voix
De Berroard, de Laville, les chants de Malavoi.
Entends tu zouker-danser les filles de Kassav ?
Musiques cadencées, aux rythmiques suaves
Qui lient le corps tiède de la métis créole,
Au gamin de Bretagne immigré de Paimpol.
J’entends, s’entremêlant en un duo subtil,
Battements de mon cœur, mouvements de ses cils.