Il neige sur Chartres assoupie.
Lueurs éphémères la nuit,
Les lucarnes sont pâles voiles
Sur l’océan bleu des étoiles.
Loin, timide, une cloche sonne.
Notes éparses presqu’aphones,
L’appel est cependant compris
De ceux qui vont fêter minuit.
La vague humaine, bon entrain,
Familles, vieux, jeunes ou copains,
Vient grossir la foule chrétienne,
Pour vivre la coutume ancienne.
Procession lente qui suit les champs.
Cortège. Manteau sombre et blanc
Qui déroule ses espérances ,
Pas à pas en ce lieu de France.
A perte de vue maintenant.
De loin en loin l’écho chantant,
Feutré dans tout ce froid palpable,
Semble dire contes ou fables.
Je ne distingue alors plus rien.
Ni grand, ni petit, ni beau. Rien
Que de téméraires lueurs :
Flambeaux portés au bout des cœurs.
Alors, dans un élan soudain,
Répondant à l’écho chrétien,
Mu par une envie extasiée,
Je rejoins ces pâles clartés...
Chartres, le 27 janvier 1991.