Ah ! le vilain ! Ah ! le coquin !
Ah ! le malotru ! Ah ! le malappris !
Oh ! que tous ces termes s‘appliquent bien à lui !
Alors qu’il me trouve élancée, gracile même, racée parfois, élégante toujours, épineuse rarement ;
Alors qu’il flatte le velours de mes pétales, qu’il hume avec plaisir mes senteurs exquises, en un mot alors qu’il m’apprécie à nulle autre pareille… :
CLAC ! La cisaille tranche !
Me voilà séparée de mes consœurs, empaquetée comme un vulgaire objet, enrubannée de vinyle ;
Moi ! Offerte aux regards comme un bien quelconque !
Ah ! Que n’aie-je eu le bonheur de naître pivoine ou marguerite ou pensée ou primevère ou que sais-je encore…et de fleurir libre, en pleine campagne, au fond d’un val verdoyant ou au détour d’un col clairsemé !
Mais non ! ma destinée était de naître rose ; et dans son jardin qui plus est !
Pourtant…
Parce qu’il ne sied pas de demander son âge à une Dame, sachez Madame que je me sacrifie volontiers sur l’autel de sa sincère amitié, à l’heure où il vous souhaite un bel anniversaire.
Mais plus encore, mon éphémère fragilité entre vos mains témoigne de sa reconnaissance envers la loyale affection dont vous l’honorez.
Ainsi au destin médiocre de primaire végétal, combien je préfère ma destinée royale puisque, naissant rose, je suis aujourd’hui, ô ma Dame, humblement à vos pieds !
Noël F.
Octobre 2008