Mon reflet glisse du miroir, je l’entends. J’ai un goût de peur dans la bouche. Je ne reconnais plus cet endroit, grotte sombre aux saveurs chatoyantes. J’effleure du bout des doigts une musique familière mais insaisissable, elle glisse comme un serpent.
Je me relève, mais je ne me rappelle pas être tombé. Peu importe. Ma volonté plie mais ne se rompt pas. Je suis debout à présent. J’arrive.
J’ai changé de pièce sans faire un geste. Simplement parce que je l’ai voulu. Je souris, mais pas longtemps. Je ne suis pas seul dans la pièce. D’autres sont là. Tous me tournent le dos mais je sais qu’ils ne sont que spectres sans visage. Ils ne veulent pas me regarder. Que la flamme les consume ! Je n’ai que le temps d’y penser et ça y est ! Il n’en reste que fumée. Qu’importe, j’avancerai seul, sans regrets. Et pourtant...
Même si je renonce aux silhouettes désintégrées, il y a un visage que je cherche. Un renouveau, une brise. Mais elle reste introuvable.
Je change de pièce. Elle est pesante, sent le remord. Ici, les miroirs sont brisées. Qu’importe ! Je balayerai aussi cette épreuve là ! Je ne me laisserai pas arrêter par ce qui n’arrête pas les autres ! J’avance toujours à la recherche de mon visage.
Je suis ailleurs, fatigué, lassé, résigné. Je vois clairement et pour la première fois tous les obstacles devant moi. Le temps, l’espace, un homme sublime, les anges avec leurs arcs rient et se moquent de moi. Même l’espoir est présent, terne et mal à l’aise mais tout de même face à moi. Je sais qu’il cache son contraire.
Derrière eux, un Gouffre. Je sens que cette fois, j’ignore tout de ce qui m’attend. Et pourtant, je resterai debout ! Mieux, la volonté se rappelle à moi, elle hurle et déchaîne les foudres dans mon cœur. Déjà, je cours à grandes enjambées vers le Gouffre. Je ferme les yeux, les autres attendent, incrédules. Je saute.
Je suis en train de tomber et je ne vois pas le fond du Gouffre mais, si mon visage tant recherché est au fond, ça vaut le coup...
12-10-06