Vainement, ce matin j’ai cherché son visage
Le temps, ce vieux goupil a du s’en emparer
Inutile pourtant de s’en faire un fromage
L’histoire était écrite avec des bouts de craie
Je m’étais dit "Fontaine, j’oublierai ton breuvage"
Plutôt mourir de soif que de s’empoisonner
Mais me voici fin prêt à d’autres équipages
Fini de somnoler sur mon arbre perché
Et pour ma tendre fée, mon doux remue-ménage
J’ai charmé ma guitare et affûté mes doigts
Et même si je pèche par mon piètre ramage
Je deviendrai Phoenix, seul hôte de ses bois
J’ai mis mes habits neufs et lissé mon plumage
Redoutant les renards par son corps alléchés
J’ai bien pesé mes mots, châtié mon langage
Et lui tins ce discours ou du moins à peu près
Préviens toi des flatteurs, des diseurs de mirages
Des raconteurs de fables, et des princes marchands
Qui savent caresser dans le sens du pelage
Et qui vendraient leur âme au plaisir d’un instant