On s’étonnait du bleu
de la lumière.
Touché par l’accent sauvage
d’une langue inconnue
on avait le regard trop clair.
Manquaient pourtant
les mots lianes
plus que mains et bras
infatigables
qui vrillaient dans le vif.
On était sur une agora
large plage pavée
où chantait l’eau en courant.
On était
assis à même la pierre
dans le blanc du silence
intime.
Manquaient les mots orages
ou naufrages
mots délavés démaillés
pour emporter dévaster
la transparence.
On n’entendait que ces voix
étrangères
roulades de sons
jeux de billes choquées
musique des êtres...
un chant profond
comme la vie qui se replie.
On n’entendait que les ombres
leur hâte leurs courbes
plus surprenantes que le livre
abandonné.
Le vent se pressait
éperdu
le vent s’égarait
en carrefours inattendus
et nous revenait
droit tyrannique.
Frissons...
L’accent sauvage
d’une langue inconnue
nous habitait
par effraction.