Qui es-tu pour que l’on te reconnaisse sans te comprendre, pour que l’on t’éprouve sans te justifier ?
Une énigme transparente telle une évidence inexpliquée, une promesse cachée dans la couleur de l’aube, un miroir à deux faces présent dans l’absence, reflétant à l’infini une réalité qui déroule un rêve.
Paradoxe d’une complicité muette qui nous parle tant, de musiques secrètes qui s’apparient en se taisant. Mystère d’un voyage où l’on se perd en se trouvant, dans le long gonflement de vague invincible que tu offres aux amants.
Tu traverses toutes les murailles qui séparent les êtres, telles des parois de verre qui laissent passer ta lumière. Nos citadelles sont bâties sur les mensonges du paraître que la vaillance de tes couleurs fait tomber en poussière.
Parfois on nous dit chimériques, comme si chacun avait inventé l’autre dans un songe. Mais si tu ne nous avais pas engendrés nous ne serions qu’enfants de l’absurde et si nous n’avions pas découvert tes rivages nous ne serions que des naufragés de l’univers.
A la fois séduction fantasque et cariatide qui porte l’âme, tu nous rends à nous-mêmes en nous révélant l’autre. Si proches que nos émotions s’apparient, que nous nous respirons le cœur au bord des lèvres.
Tu es une force bien plus tangible que nos vaniteuses agitations, tels des déguisements nous masquant ton absence. Sans toi nous ne sommes qu’apparences enfermées dans un non-sens. Seul ton fanal nous guide avec espoir dans le tunnel de nos détresses. Savoir le suivre nous mène à la sortie du désespoir.
Qui es-tu toi l’Amour qui sait nous retrouver pour exister ailleurs que dans la chimère du temps inhabité ?