J’ai chevauché le vent, enfourché les marées
Epuisé les talons de la nuit affaiblie.
Franchi
L’Enfin...
Habillée de fragile
Je n’ai plus peur de rien,
Pas même des regards posés comme une étreinte.
Ce lieu où je me couche est de pierres muettes
Qui se moquent de l’hiver
Et n’aiment que le flou.
De mes doigts engelures
J’ai fendu une aurore
Et déchiré la pluie, la neige et les glaciers.
Le vent gifle et gercure
Mes lèvres ensaignées
Et couche sur le blanc taches multicolores.
S’envolent dans l’air pur des vestiges
De cendre.
Est-ce tout le savoir auquel je puis prétendre ?
Abandonner au vent la braise et le vertige ?
Qui es-tu ?
De Toi, que sais-je, au fond ?
Un oiseau qui déroule ses ailes à contre-vent
Ecarte les flocons
En ballets indociles derrière ma fenêtre
Et mon cœur bat, qui mue.
Tu serais cet oiseau...
Et si on le disait, tu serais cet oiseau ?
Il gèle à pierre fendre
Et pourtant il fait chaud.
J’aime la douce peur qui saisit mon attendre
Et referme sur elle ses bras comme du givre
J’aime cette froidure. Patience me délivre
Comme pépite tendre
Qu’incarcère l’hiver...