Rien
Et c’est déjà beaucoup
C’est l’ivoire
De la chair de ton cou
Le dernier chant du merle
Dans le soir
La vague qui déferle
Et qui m’invite à boire
Le sel
Rien
Et c’en est presque trop
Dans les blés
Quelques coquelicots
Un bleuet
Une vieille qui passe
Sur la place
La courbe de ton dos
Tes reins
Rien
Et pourtant c’est si beau
Un quadrille
L’échine des chevaux
Banderilles
Le sang au flanc du taureau
Sur ta gorge tourterelle
La dentelle
Carmin
Rien
Et c’est tellement fort
Sur un mur
Ce petit oiseau mort
Le murmure
Echappé de tes lèvres
Lorsque tu rêves
Voilier rentrant au port
A l’aube
Rien
Oh bien sûr ce n’est rien
Ou bien si peu
Un simple lien
Retenant tes cheveux
Rien qu’un printemps
Rien que la grâce d’un instant
Etre un instant heureux
De rien