Sur la rivière jaune il y a des poissons,
Ventre en l’air et nageant sur le dos pour changer ;
Un enfant s’est penché sur ce flot argenté,
Pour y remplir son seau de liquide poison.
Sur la rivière jaune, attardées, les images
D’immeubles effondrés, se troublent dans la boue ;
J’y ai vu un enfant tenir encor debout
Qui cherchait ses parents, au-dessous des nuages.
Sur la rivière rouge au gré du ciel couchant,
La peur bleue se répand de la nuit qui approche ;
Où va dormir ce soir ce petit de Gavroche,
Et quels bras vont bercer le sommeil des enfants ?
Sur la rivière noire assoupie par la nuit,
Je cherche en vain la Lune en ses reflets brisés ;
L’obscur a triomphé, le nuage est passé,
Plus un rire d’enfant –et le monde est sans bruit.
JM
7 avril 2008