Une nuit de Sabbat, j’ai rencontré ses yeux
D’émeraude,
Sombré entre ses mains longues douces et maraudes
Et ses ailes d’archange et son beau corps boiteux
Ont vibré au-dessus de tourmentueux
Déserts.
Il m’a conté le monde aux vagues concentriques
La séduction du vide
La chute et ses parois
Accrochées à la voix
Qui dévisse glacée, révulsée par l’effroi,
Et le froid
De la nuit qui effeuille du Même
L’éternel retour.
II m’a parlé d’Amour.
Il m’a parlé du Temps
Rongeur des pièces d’or et du fer et des os
Qui jette les moignons au-delà de son dos,
Il m’a parlé du sens
Qui n’en a jamais eu et n’en aura jamais.
C’est la nuit du Sabbat, il m’invite à sa table
On y boit, on y danse
Mais son regard est triste. Je voudrais tant, ce Diable
Le prendre dans mes bras et serrer sa naissance
Meurtrie contre la mienne
Emousser sa souffrance
Et briser tous ses puits.
Sa pensée coule en moi
Il entrouvre ma bouche et y pose semence
Creuse, fore, mon désir aquatique,
Creuse, martèle ma jouissance,
Et j’aspire ce cœur à la pointe de sa lance
D’où jaillit en fontaine l’arbre de connaissance.
Dans la nuit du Sabbat j’ai rencontré ses yeux
D’émeraude,
Sombré, me suis offerte
Sur la table taillée dans la lumière verte
Ma chair était fiévreuse et son ventre était feu.