Si un arbre naissait au milieu de ma chambre
Et plantait ses racines jusque dans mes seins d’ambre
Et de ses fins rameaux caressait mon visage
Je lui demanderais : Mène moi en voyage.
Rappelle moi le temps où j’étais panthère noire
Ronronnant de plaisir dans tes branches, lascive,
Et léchant de ma langue les ossements du soir
Sous un ciel étripé aux étoiles naïves.
Laisse moi embrasser les rides de ta peau
Me fondre à tes regrêts de plante silencieuse
Dont jamais aucun vent ne sentit la soucieuse
Agitation brisée sur le miroir de l’eau.
Ouvre moi dans l’écorce de ton fût brûlé
Par mille et mille nuits d’attentes oubliées
Ouvre moi dans l’écorce une porte secrête
Avec un escalier qui descende et s’arrête
Tout au cœur de la Terre.
Si un arbre naissait au milieu de ma bouche
Et sortait sa ramure au travers de mes dents
Je le décorerais d’oiseaux scintillements
Et de couvées têtues cachées entre les fourches.
Il crêverait mes yeux emplis de ces mensonges
Que jette la lumière à celui qui veut voir
A tout prix quelque chose et ferait de mon Noir
La couleur la plus Vraie, la robe de mes songes.