Ta douleur, Cher hâbleur, sera donc éternelle,
Et les tristes discours
Que versaient en ton cœur ta jactance naturelle
T’étrangleront toujours !
Le malheur de ta chute résolue
Par un commun suffrage,
Est-ce quelque remords où la raison perdue
Eclaire ses outrages ?
Je sais de quels dégâts ton affection est pleine
Et j’ai bien entrepris,
Injurieux ami, de répondre à la haine
Avecque mon mépris.
Mais tu étais du monde où les clowns les plus drôles
Ont le plus beau destin,
Et drôle tu as dansé ce que dansent les drôles
La polka d’Arlequin.
Puis quand ainsi serait que selon tes manœuvres,
Tu serais parvenu
D’avoir en fin de compte achevé tout ton œuvre
Qu’en fût-il advenu ?
Crois-tu que, assis dans ton gâchis
Tu aurais moins de rage
A décevoir tes amis
Qu’étonnent tes ravages ?
Ne te lasse donc plus d’inutiles injures ;
Mais sage à l’avenir,
Aime la modestie, et de ta chute obscure
Garde le souvenir.
C’est bien, je le constate, une juste coutume,
Que ton cœur enfiellé
Par le canal des sots vidant son amertume
Cherche d’être allégé.
Mais, rejetant tout autre et seul dans sa mémoire
Se contempler, séduit,
N’est-ce pas s’aimer trop et rechercher la gloire,
De détester autrui ?
Un blâme a des rigueurs à nulle autre pareilles ;
Tu as beau l’éviter,
Irrémédiable il est, se bouchant les oreilles
Il te laisse crier.
Président, directeur, roi ou valet,
Sont sujets à ses lois ;
Et la garde qui veille aux barrières du palais
N’en défend point le roi.
‘Démissionné’ ainsi et prendre patience,
Il est bien à propos.
Savoir ce que l’on peut, c’est la seule science
Qui nous met en repos...