Je devinais au loin ses formes élancées,
Perdues dans tout cet espace moite et brumeux,
D’où pourtant, impassible et fière, Elle émergeait,
Dressant son histoire à la conquête des cieux.
Tandis que l’aube s’estompait à l’horizon,
Fuyant, furtivement l’approche de mon train,
Mon regard tentait de scruter porches et ponts,
Pour découvrir enfin les symboles divins.
Vers le Portail Royal et à pied maintenant,
Où à jamais se mêlent tous les Testaments,
Apparaît là, le plus beau des Clochers romans,
Gardien d’une autre Flèche au style flamboyant.
L’atmosphère lourde de contenu respect
M’accueille, grandiose, en la Clôture du Cœur,
Pour qu’aux vies de la Vierge et du Christ initié,
Pénètre lentement ce lieu saint en mon cœur.
Instants magiques. L’astre d’or darde ses rayons.
Les Compagnons de France s’animent soudain.
Rouge, jaune, vert, bleu, flamboient à l’unisson,
au travers des vitraux vivent tous les Grands Saints.
Et les siècles s’écoulent. Longue éternité
Puisqu’au delà de l’immense Crypte enjambée,
Saint-Louis régnait en décidant de consacrer
Ce chef-d’œuvre gothique : Europe identifiée !
Siècles de lumières, de souffrances, de joies,
Le Moyen-Age, Chrétienté pèlerinage,
Fit de ces lieux sacrés un symbole de Foi.
La sombre Abside côtoie toujours les Rois Mages.
Vers les portails, hélas, du Nord et du Midi,
A pas très lents et presque gêné, je me glisse
Sous un imposant porche vers cette sortie,
Heurtant une lumière étrange où mes yeux plissent.
Le front courbé, pensif, quittant ces lieux sacrés,
Je suis le dédale de ces rues du passé
Qui n’estompe pas l’ombre immense projetée,
Mais montre, d’un seul coup, cette empreinte royale.
Heureux de ce voyage, la pensée sublimée,
Je me retourne alors et salue la Cathédrale !
Chartres, le 26.09.90