Je vois les ruines aux larmes tombées de bruine,
D’un temple encor et toujours rebâti,
Que visitent pèlerins repentis ;
Angkor est grand, ton corps est froid, que je contemple.
A l’ambre ample de l’ombre de notre temple,
Que visitent grands amants et petits,
A genoux, sur les mains, le nez dans les cailloux,
Je crois en toi et aux dieux de l’Asie.
Je croise en eux leur regard immobile,
En la sagesse sise sur leur corpus débile,
Et sous le feu des questions du silence,
Je suis statue, moi aussi, qui avance.
Statue de sel que ton regard savoure,
Reine Khmère, Princesse de l’amour,
Statue de celle qui me laisse au rivage,
Rescapé lapidaire des pierres sans âge.
Mange la mangue à la saveur de langue, et ose ;
Hier, née de l’humus des fleurs de lotus rose,
Tu boudais, assise en Bouddha près du fleuve,
Je goûtais ta blanche peau toujours neuve.
Douce saveur dans corps et en corps,
Je bois ton thé au verre souvenir,
Je bois ton corps au vert devenir,
Tu es mon temple d’Angkor et encore.
2005
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