Il y a tout là-bas au fond de la raison,
Au fond de notre vie et au fond de notre âme,
Un labyrinthe obscur d’amères illusions
Et un vertige hargneux qui récuse et qui clame.
Il y a tout là-bas au fond des sentiments
Rampants à la livide obscurité des rêves
Un troupeau de remords qui s’agitent sans trêve
Lorsque hurlent nos cœurs sauvages et déments.
Il y a au fond de nous des folies redoutables,
Des sentiments affreux, des joies épouvantables
Et des ricanements qui sont des bruits d’Enfer
Et des raisonnements qu’on doit à Lucifer.
Il y a au fond de nous des vertiges immenses..
Et lorsque, avec horreur, on en prend conscience,
On s’avise, ahuris, qu’on n’a plus qu’un seul choix,
Entre ou bien se coucher, ou prendre un bazooka.
Il y a au fond du cœur un dégoût gigantesque,
Un désir de néant et de disparition,
De démolir d’un coup toutes ces abjections...
Et reconstruire après un monde moins funeste.
Il y a au fond de nous des tréfonds si obscurs,
Si horribles parfois et si hallucinants
Qu’il vaut mieux s’en tenir aux souvenirs d’antan,
Chanter les bois, les prés, le printemps et l’azur.
Il y a au fond de nous des désirs si violents,
De si fortes rancœurs pour tout notre présent
Qu’il vaut mieux quelquefois s’enivrer d’infini,
Des beautés trépassées... et de la Poésie.