C’est un amour sans importance que ses forces abandonnent, lâchement assassiné pour avoir donné sans retenue le parfum de ses émotions.
Générosité impardonnable de ses sens.
Ce qui le désespère le plus, c’est qu’il ne comprend pas pourquoi son meurtrier a plongé la dague criminelle.
Une bouche violacée sous son sein gauche, il s’en écoule des larmes sombres. Elles forment un filet qui noircit la terre de l’espoir où il a pris racine.
Il ne peut plus se tenir debout, sa palpitation faiblissant goutte à goutte. Il tombe à genoux ; des pierres tranchantes les entaillent.
Il voudrait prier avant de s’éteindre.
Mais qui prier ?
Son étoile qui l’a abandonné, le hasard qui lui a donné vie, le néant qui le guette sous son masque d’obsidienne ou, peut-être, le diable qui attend qu’il bascule dans ses flammes ?
Et quelle prière adresser ?
Demander qu’il soit pardonné à son assassin, lui lancer une malédiction pour l’éternité, murmurer un appel à l’aide que personne n’entendra, supplier de renaître un jour de ses cendres ?
Il sent que sa lumière l’abandonne. Demain il ne reverra pas son soleil.
Il joint ses mains, lève son regard vers le ciel, puis referme ses pétales fanés sur lui afin de partir dignement, en cachant sa déchéance pour que personne ne la voit.