La noirceur du bitume
Des pierres du chemin aux abris de poussière,
Il règne dans leurs pas un certain nonchaloir
Tandis que le destin signe le désespoir
De ceux qu’on ne prévoit en aucune chaumière.
Dans leurs vieux pardessus traversés par la brume,
Ils partagent le sol de fantoches pressés,
Aux regards fugitifs devant ces gueux paumés
Qui sillonnent sans fin la noirceur du bitume.
Ils se noient, chaque jour dans des flaques de haine ;
Les couteaux et la faux, la nuit, croisent le fer
Et la vie, et la mort n’ont de lieu que l’enfer
Mais où trouver l’espoir quand vivre est à la peine ?
Si d’aucuns ont choisi des règles la dispense,
D’autres, moins endurcis, jetés sans préavis
Dans les abîmes amers, ivres et asservis,
Logent leur liberté sous des cartons d’errance.
© Avril 2019
"Un cri"