Vous traînez dans nos rues vos masques d’infortune,
L’indifférence acide a rongé votre peau,
Vos désirs sont des luttes et vos cris nos fardeaux,
Gens blessés que l’angoisse a gorgés de rancune.
Hier vous aviez tout, on vous ouvrait la porte,
Vos maisons étaient pleines à crouler sous les biens,
Les yeux clos sur l’effroi de ceux-là qui n’ont rien,
Hors des plaintes affamées que la ville transporte.
L’enfer vous a happé dans son gosier de haine
Un matin de printemps que vous n’attendiez pas,
Vous a jeté dehors comme le poids qui nous freine
D’avancer toujours plus vers l’habile constat
Que l’homme qui ne sert, quand il perd son emploi,
N’est plus au consortium qu’une vague âme en peine.