Il fût un temps où je fuyais,
Une fuite en avant,
Course éffrenée contre le temps,
Qui chaque jour me volait,
Une partie de moi même,
Il fût un temps où j’étais livré,
A mes démons interieurs,
Livré à cet égo déspote,
Et ses désirs gargantuèsques,
Il fût un temps où mes rois,
Ont succombé aux échecs,
Des damiers obscurs d’un futur incertain,
Esclave de règles établies,
De frontières gravées en cervelle,
Mémoire figée,
D’où rien ne peut en sortir,
Fruit d’un système humain,
Métallique, creux et défaillant,
N’engendrant que générations d’êtres désincarnés,
Fantômes et spectres aux idées larvées,
Etais je celui que je croyais être ?,
Ou celui qu’on croyait que j’étais ?,
Ou les deux englués dans une nuit sans fin,
Etais je plein de ma personne ?,
Etais je donc l’image meme de la médiocrité ?,
Dont la contingence de mes mots,
A chaque ver me sautait aux yeux,
Il fût un temps où j’étais seul,
Les choses sont plus claires à présent,
J’ai pris le temps de penser,
De réflechir,de sentir,
De ranger petit à petit,
Ce capharnaum causé par tant d’années,
De complaisances et de suffisances,
De parler avec moi même,
Et de parler avec lui,
Un temps scandé par les vagues de la proximité,
Tantôt si proche,
Tantôt si lointain,
Dans ma retraite de loup solitaire,
Je ris de moi,
Je ris du monde qui m’entoure,
Je ris de ce livre ouvert que je suis,
Et qui n’est lu que par lui,
Les autres étant hérmetiques,
Aux symboles gravés,
Il fût un temps où je cherchais,
En dehors de moi,
Ce qui se trouvait au fond de moi,
Un temps scandé par le flux et le reflux,
De ma passion pour lui,
Quand je regarde la mer,
Je me dis que je suis peut être,
Le seul à contempler,
Ces vagues s’échouer devant mes yeux,
Que d’autres vagues les suivront,
Jamais identiques,
Que je ne verrai peut être pas,
Et qu’il y en aura d’autres à cet endroit même,
Apres qu’il m’aura rappelé à lui,
Je suis plus serein,
Plus réflechi qu’avant,
Je n’ai pas tout réglé,certes non,
Mon centre de gravité oscille encore,
Je sais que je naviguerai en eaux troubles,
Durant quelques temps,
Je pense parfois à des personnes,
Refusant leur destin,
Leur sort de serviteurs,
Se construisent un enfer,
Nagent dans des eaux méphitiques,
Et s’y complaisent,
J’ai été jadis proche d’eux,
Mais une main ivisible,
M’a secouru,
Dure loi de ce bas monde,
Loi que j’accepte tout en tentant,
De ne pas trop m’y éxposer volontairement,
Là encore la conscience est fraîche,
Fille de sa lumière,
Fille de sa grandeur,
Miracle,
Peu m’importe les jouets matériels de ceux là,
Leur confort de vie,
Leur petitesse d’âme,
Aller vers lui,
Orgueilleux que j’étais,
C’est d’être capable un jour,
D’écouter son cœur,
Ce n’est pas un choix,
Aller vers lui n’est pas immediat,
N’est pas volonté,
C’est lui qui décide,
Et plus rien alors n’a le même sens,
Quand sa lumière vous touche,
Ceux qui ne donnent pas de leçons,
Sans doute gardent ils dans leur humilité,
Une place pour lui,
Sans même le savoir,
Ceux qui donnent de grandes leçons,
Ne veulent qu’enchainer les autres à leur joug,
Pour se sentir moins seuls,
Dans le vide de leur non éxistence,
Il fût un temps où je portais,
Un masque balafré d’un rictus amer,
Jouant un rôle quelconque,
Dans la pièce d’un monde sans foi ni loi,
Oui,il fût un temps.......,
A présent mon chemin est tracé,
Il est solitaire peut être,
Dans ce monde matériel,
Mais il est sans retour.
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"L’évolution spirituelle commence quand l’homme immérgé dans le monde temporel,éphèmère et illusoire,prend soudain conscience des limites de ce monde,il revient alors vers le dénuement,la simplicité,l’humilité et la pauvreté,il peut dire alors"je ne sais pas",en d’autres termes il doit se défaire de l’acquis culturel de l’égo et s’ouvrir à l’universel,telle la chrysalide se métamorphosant en papillon pour prendre son envol,de maitre qu’il était l’égo devient alors serviteur."
CHEIKH BENTOUNES