Derrière Sandaga, au centre de Dakar,
Un lieu confidentiel existait autrefois
On pouvait y entrer par un passage étroit
Où volaient la poussière et des airs de cythare.
Des calicots tendus protégeaient du soleil
Les étals grillagés sur lesquels s’exposaient
Des bijoux en argent, des parures d’oreilles
Des bracelets d’ébène ou d’ivoire rosé.
Entre les échoppes étaient assis des hommes,
Artisans, immigrés plus ou moins officiels,
Ils parlaient du pays dans un capharnaüm
D’outils, de sacs, de fruits, de boubous couleur ciel
.
Ils étaient affables et proposaient du thé
Aux toubabs vacanciers qui venaient acheter
Des marteaux à sucre, des bagues, des colliers,
Des souvenirs d’argent joliment travaillés.
Aujourd’hui cet endroit exotique est désert
Les maures victimes des passants en colère
Ont payé de leur vie la folie meurtrière,
De leurs cousins déments d’au delà les frontières.
Certains le justifient par la loi du talion,
« Dent pour dent, oeil pour oeil ... » Quelle bande de cons !