Dans la tiède moiteur d’une journée d’automne,
Sous un ciel gris de plomb un vieux planteur mâchonne
Un morceau de bois vert d’où s’écoule un suc clair,
Sur l’horizon obscur claque un dernier éclair.
Son chariot de cannes est bloqué dans la boue,
Le créole impatient exhorte son bœuf roux.
Le mufle humide, le lourd bovin s’ébroue,
Dessous son poil luisant les muscles puissants jouent...
Les roues cerclées de fer très lentement avancent
De la voix le planteur exalte la vaillance
De son partenaire des journées de labeur,
Qui lance dans les airs un son plein de vigueur .
L’oeil noir de la bête pétille de fierté
Quand de la main l’homme vient le réconforter,
Et sous le joug coure le frisson du vainqueur,
Lorsqu’alizé frôle l’animal au grand cœur.