Sur la plage posé par la vague indécise
La coquille rosée, ourlée d’écume grise,
Roule dans le sable son manteau mordoré
Au revers de nacre et aux reflets dorés.
Pour entendre la mer je place mon oreille,
Contre la conque claire au pavillon vermeil
Puis je ferme les yeux cherchant dans l’olifant
Le souvenir joyeux de mes étés d’enfant.
Une trompe très loin, comme un son chuchoté,
Un soupir dans l’ombre, un credo sangloté....
Alors je vois l’esclave aux yeux pleins de terreur
Caché près d’une case, implorant le Seigneur.
J’entends le son du cor entre les tamarins,
La foule sur le port, les pontons du Marin.
Enfin les gommiers lourds de poissons et d’odeurs
Qui sonnent leur retour et l’appel des vendeurs.
J’entends un orchestre de conques et gwokas,
Honorant un défunt, joueur d’harmonica.
Le cortège funèbre au parvis de l’église
Pour son dernier concert tristement improvise.
J’ai entendu la vie, l’histoire des Antilles
Aux tréfonds d’un lambi, une simple coquille !
Esclaves ou pêcheurs, musiciens doux-amers,
Mais à aucun moment je n’entendis la mer ....