Ce matin dans la rue j’ai croisé un vieillard,
Son regard entrevu dans une devanture,
Que la buée nimbait d’un voile de brouillard,
Me contait le récit d’une folle aventure ...
Sous des cheveux trop longs des rides d’expression
Sur son front dénonçaient l’infinie lassitude,
D’un homme revenu d’excessives passions,
Et des abus commis sous d’autres latitudes.
Sa bouche se méfiait du simple souvenir
Des rires entre amis, des soupirs entendus,
Et ses lèvres pincées qui ne pouvaient sourire
Avaient le pli amer des illusions perdues.
Alors un commerçant essuya la vitrine
Effaçant les deux yeux effarés de stupeur,
D’un mouvement très lent avec une feutrine,
Il corrigea le sens de ce tableau trompeur.
J’étais là comme un con observant mon reflet !
Devant ce triste écho, cette vilaine image,
Je tournais le regard pour mieux me camoufler,
Et m’inventais un fard pour un nouveau grimage ...