Il s’écoule sans fin au gré de son humeur,
Charriant dans ses flots les êtres, les secondes,
Simples fétus de paille oscillant sur les ondes,
Légers, insouciants, quand il se fait charmeur.
Nous le laissons errer autour de notre enfance,
Léger comme duvet câlinant les saisons,
Il folâtre sur l’eau dessous les frondaisons
Dérobant à nos cœurs sa force et sa puissance.
Quand l’attente et l’espoir régissent les tourments
De notre certitude et de notre jeunesse,
Il se fait plus pressant, parfois avec rudesse,
Provoquant désespoir et découragements.
A l’écart des remous, c’est dans la solitude
Qu’il nous faut essayer de ralentir son cours,
Retenir les instants, chimères de velours,
Le maudissant souvent, minés de lassitude.
Il nous conduit ainsi jusqu’au jour du trépas,
Entraînant avec lui les pans de notre vie
Qui se disperseront dans la mer assouvie,
Effaçant à jamais les traces de nos pas.