Le harpon transperça le petit matelot.
La fragile poupée tomba,
Tomba dans l’azur salin.
Du haut du flamboyant navire souriaient les bourreaux narquois
Alors le petit matelot commença
Sa longue dérive
Seul sur des monts de saphirs,
Buvant les langueurs des embruns marins,
Traversant, ivre de l’amer, des océans de cocagne,
Des flaques d’immensité et des entrelacs d’algues vaporeuses.
Il était curieux de ce Nouveau Monde,
Curieux comme le tranquille albatros
Aux immenses ailes nuageuses
Qui survolait le petit homme.
Aimait-il la douce nuit brodée de larmes lactescentes ?
Seul, le silence des complices étoiles répond
A l’ardente curiosité humaine.
Dans les cataractes bleutées, il s’endormait d’un sommeil salin
Et rêvait à quelques réalités humaines
Mortes d’avoir trop oublié
Le lent fredonnement de la chanteuse vague
Qui s’écroule sur les vertigineuses falaises.
Soudain, dans le désert bleu,
Surgit dans un bouillonnant maelstrom d’écumes
Une blanche montagne
Qui éructait, crachait, soufflait des brutales torrents de saumure.
Le monstrueux grondement de la bête
Éclata au-dessus des pacifiques vaguelettes.
Il y eût un remous, il y eût peut-être un cri,
Mais plus certainement un sourire rêveur.
Le petit matelot fut emporté
Dans les froides profondeurs emplies de morne silence abyssale.