Sur une table en bois étaient posées trois mains
A côté d’un fléau et deux plateaux d’airain.
Un vieillard les plaça tour à tour en balance,
En les scrutant d’un oeil empli de bienveillance
La première était large avec des doigts épais
Les ongles plutôt courts étaient un peu suspects.
D’avoir trop travaillé l’humus de son terroir
La peau s’était fendue de mille sillons noirs
Elle s’était usée à retourner la glaise
Du matin jusqu’au soir, dans le froid, la fournaise.
La seconde était maigre, aux doigts très déformés
Par une arthrose aigue souvenir des corvées
D’une vie consumée à laver des marmots,
Récurer la maison, soigner les animaux,
Une infinie douceur pourtant en émanait.
D’avoir tant consolé sans jamais sermonner...
La dernière, bronzée, ointe de cosmétiques
Etait à un puissant, d’un pays d’Amérique.
Elle s’offrait souvent pour gagner quelques voix,
Serrant n’importe quoi, prostituant ses doigts,
Cette main si soignée avait signé naguère
Un terrible papier, déclaration de guerre...
Sur une table en bois étaient posées trois mains
A côté d’un fléau et deux plateaux d’airain.....
« Quand donc comprendront ils, ces grands benêts d’humains,
Qu’ils n’ont que la valeur que leur donnent leurs mains ?
« Celle ci je la prends, il faut un jardinier
Dans mon jardin d’eden pousse encore un pommier !
« Cette autre sait calmer et montrer son amour,
Je la garde avec moi, c’est maintenant son tour.
« Par contre celle là... Je ne saurais qu’en faire ! »
Il posa son tampon « retour chez Lucifer ».
Et un bébé naquit quelque part en Irak,
Sur sa fesse il reçut une première claque ...
« Bonjour petit homme, bienvenu en enfer. »