Montant comme équipage un lourd canot breton,
En sabots et cabans sous le bonnet de laine,
Ils quittaient chaque jour le port ou le ponton,
Du fier Pays Pagan aux îlots de Molène.
Se jouant des étocs en marins du Léon,
Ils allaient à la voile, un homme, un capitaine,
Sur les champs de tali* cueillir le goémon
Quand le printemps lissait la houle armoricaine.
Penchés sur les plats-bords, au large d’un amer,
Ils fouillaient du regard le ventre de la mer
Pour arracher aux flots la brune laminaire…
Sur les quais du Ponant, trop souvent endeuillés,
Il est parfois encore un vaillant centenaire
Pour me conter, ému, le temps des pigouillers…
Novembre 2010
* Laminaires en langue bretonne