MOTS
D’où vient donc ce besoin, cette insatiable manie
d’en revenir aux mots parlés ou écrits.
Mots croisés, noircir les petites cases,
comme une boulimie jusqu’à en être nase.
Lire encore et encore, pas toujours le meilleur,
pour calmer cette faim qui ronge l’intérieur.
Boire aux lèvres des conteurs, trésorier de notre oralité,
extasié comme l’enfant à l’heure de la tétée
Les poèmes quant à eux ne sont que gourmandise
qu’ils soient tristes ou heureux ils n’en font qu’à leur guise.
Parler autour d’une table en bonne compagnie,
polémiquer aussi, chercher les réparties,
Ecrire enfin, libérer cet émoi, cet appétit de vivre
trop souvent endigué par des colonnes chiffrées.
Que les mots nous nourrissent, que nos maux se guérissent,
il nous faut pour autant rester très vigilants
car certains orateurs usent communément
de notre soif d’entendre ce qu’on veut qu’on nous dise.
Ristretto novembre 2007