Secrète
La montagne muette, les siècles qui avancent,
Gardent au fond du lac les mille confidences,
Et les torrents qui naissent au pied de ses collines,
Ne raconteront pas tout ce qu’ils devinent.
Les crevasses profondes, et l’écho qui t’étonne,
Tes paroles perdues, tes idées qui résonnent,
S’envoleront jusqu’où les sommets se terminent,
Les secrets de la vie resteront dans l’abîme.
Et les saisons auront déposé leurs couleurs,
Au pied des arbres tristes, après tant de malheurs,
Des orages et du vent qui ont fini leur course,
De l’écorce griffée par la patte de l’ours.
Et puis viendra le jour de la grande colère,
Colère de fracas, de tremblement de terre,
Le sol éclatera en une immense faille,
D’où surgira la vie, secret de ses entrailles.
Alors le paysage, calme et reposé,
Repeindra ses rivières et ses vertes vallées,
Et la montagne fière d’avoir tant résisté,
Pointera ses sommets dans le ciel azuré.
Crevez le ciel vous qui êtes si grandes
J’ai vu vos ombres pliées sous le soleil
Comme une révérence