La paupière mi-close, et feignant le chagrin,
Un saurien à l’affût au milieu d’une mare
Hélant un girafon esseulé lui déclare
Ne pouvoir, enlisé, se sortir du pétrin...
Point encore aguerri, l’innocent ongulé
Le croyant en péril rassemble son courage
Pour mieux porter secours au roi du marécage
Qui ne fait qu’un repas du jeune écervelé !
Qu’il soit alligator, caïman, crocodile,
Hypocrite bipède à la larme facile
Et mimant sans vergogne un prince des marais,
Méfions-nous, chers lecteurs, de ses pleurs en cascade
Qui précèdent souvent la vénale embuscade
Dont vous et moi, bien sûr, faisons alors les frais !
Mars 2015