Je volais en ce temps, celui de ma jeunesse,
Je survolais un lac et je la vis en rêve :
Boucles brunes offertes et que montait la sève
Elle aimait, j’attendrais, la laissais à sa liesse.
Et d’étreintes en ports et d’enfants en douceurs
Nous volâmes distincts et ignorants de nous ;
A mesure que l’eau séchait le long des joues,
Une voix cependant nous disait : le bonheur ?!
Les années, les années, ont passé sur nos lits
Les rides du bonheur soudain se sont creusées
La mort et puis l’ennui nous ont apprivoisés
Le rêve a remplacé l’ardeur et la folie.
Aux lents feux déclinants de l’amour conjugué
Nous nous sommes croisés dans un éclair de peau
Nous avons cru la nuit éclairée du tombeau
Nous nous sommes donnés en échangeant nos mots.
Oh que c’était beau ce partage de nous !
Ah qu’il était doux cet effluve de vous !
Comme j’étais fou le soir à vos genoux !
Et pourtant ... j’ai trahi l’ultime rendez-vous.
Et depuis, âme en peine, enchaînée à l’amour
A vos pieds je me traîne en attendant l’éclair
Qui ne frappera plus les cœurs déjà en terre
Consumés de douleur et qui comptent les jours.
Je voulais hors le temps, j’ai perdu ma jeunesse,
J’ai violé la tendresse en voulant la sauver,
J’ai volé au dessus du lac de ta tristesse
Et je vais maintenant dans ce lac me noyer.
Pardon, amour insigne, pour mon amour indigne
Je n’étais qu’un poète aux mots voleurs de rêve
Un mendiant de tendresse rôdant le long des grèves
Et qui un soir hélas par erreur t’a fait signe.
Juillet 2006