La poésie, vois-tu, la vraie, celle de l’âme
Ne vient pas à vingt ans allumer ses lampions.
A cet âge, mon Dieu, les vers que nous aimions,
C’était la fabulette, au mieux, l’épithalame.
La poésie qui nait, qui hurle et puis qui brame,
On la ressent bien mieux, avec de l’émotion,
Avec de la ferveur, avec délectation,
Quand viennent les années où vacille la flamme.
On n’est pas triste, non, ni très gai tous les jours,
On ne croit plus jamais que durent les toujours,
Mais on sait désormais le prix de la jeunesse.
L’âge nous rend plus beau le printemps de la vie,
Même s’il fut vécu dans les pires détresses.
Et l’on ne confond plus tristesse et nostalgie...