Chaleur pesante des draps rouleau compresseur.
Craquelures de ma peau. Images terrifiantes de ces vallées fertiles en période de sécheresse : écailles célibataires que rien, pas le moindre fluide de sérum physiologique ne fait se rejoindre. Cri noir et silencieux de ces failles dont rien ne dit la profondeur.
Quand la douleur de ces déchirures a terminé de me réveiller tout à fait, que mes yeux ont enfin apprivoisé la pénombre , la chambre bleue et mes nuits blanches deviennent rouges.
Sur l’écran nu de mes angoisses
Je vois la Terre
Suinter le sang,
Verser la poisse
Le soleil fait son important
Se gonfle d’aise et boit les sueurs
Des mers du Sud, des peaux graisseuses
Le niveau baisse, le désert croit
Le ciel devient visqueux comme ces jus d’orange qu’on vous vend avec pulpe, le ciel est rouge sang sur mon écran géant.
Les cathédrales englouties montent très lentes leurs flèches et leurs stèles, s’ébrouent de ces puanteurs cramoisies qui envahissent l’atmosphère avant de se vaporiser dans les volutes d’un soleil au sourire de chat gourmand.
Draps humides comme une blessure récente sans cesse réouverte afin de vérifier qu’elle est pour toujours refermée.
Redevenue poisson
Sur l’écran nu de mes angoisses
Vampirisée par le soleil
Je compte et compte les moutons
Sur l’amer rouge pâturant les prés à rides d’eau salée
Quand épuisée de ces images,
Ferme mes yeux de peur éclatés
Juste le temps de voir un nuage
Emmitouflé dans son burnou
Ses doigts de plume se font doux
Mes nuits drape-eaux volent
Etat second jusqu’au matin