Elle dort, encore, bien après que la rumeur de la nuit se soit tue. Après le dernier murmure des amants, le dernier soupir, maintenant que le brouhaha matinal commence à s’élever dans l’atmosphère ouateuse, comme un rêve en retard.
Elle est belle, ses cheveux bruns ondulant comme des vagues sur l’oreiller, bercés par la brise hivernale qui s’est sournoisement faufilée par la fenêtre à la vitre brisée.
Les rideaux, d’un rouge sombre, flottent, eux aussi.
Elle est belle, si belle. Ses yeux clos, encore, me font songer à ma triste enfance, et je sais, je veux croire, que si j’entrouvrais légèrement l’une de ses paupières nacrées, je pourrais apercevoir la vieille ferme dont chacun se demandait comment les murs aux antiques pierres disjointes tenaient encore debout. Encore. Jamais.
Elle, couchée, avec, dans ses yeux, le faux reflet d’une ferme éteinte. Si belle.
Lointaine, trop lointaine. Si je pouvais voir sa bouche, alors, peut-être... Mais c’est impossible. Le pourpre de ses lèvres s’est noyé dans la mare de sang qui l’inonde.
Elle dort, encore.