Froids sont les mots !
Juste un mot sur le frigo.
« Ne m’attends pas, ne m’attends plus ! »
Je ne comprends pas, je ne comprends plus !
Comme ils sont froids ces mots !
J’avais dix ans,
Les rêves d’un gamin,
Qui avalerait le monde,
Pour le soleil d’un printemps,
Pour les guirlandes d’un sapin.
J’avais dix ans,
Les jeux d’un gamin,
Comme Thierry La Fronde,
Courir les bois et les sentiers
Oubliant, ses travaux d’écolier.
J’étais sale, tout « crotté ! »
Les genoux écorchés,
Des grenouilles plein les poches.
Dans ma matinée insouciante, rieuse,
Elle m’apparut sous le porche,
Etrange, mystérieuse.
De blanc vêtu, au teint de poupée,
Belle, comme une aube, aux milles éclats de rosée.
Je devais être, vraiment idiot,
Figé là, dans mes gros godillots !
Nous allions être voisins,
Ici, rue des Jasmins.
Séparés par une clôture,
Bien vite, franchie,
De la cueillette des mures,
A nos cours de chimie,
Les années passèrent,
Entre rires et chansons,
Toujours à l’unisson.
Sous le soleil d’un bel été
Le frisson d’un premier baiser.
Nous avions quinze ans !
Des rêves d’adolescents,
Faits de tendresse, de rébellion,
De poésie et de passion.
Des salles obscures,
Accueillaient nos premières caresses,
Découverte pure,
Tout en maladresse.
Un grand lit de blé mur, te vit pleurer,
Quand « femme », tu fus révélée !
De ma vie d’homme,
Il me fallait faire la somme,
De tes envies, de mes désirs.
Une addition de nos avenirs.
Construire, chaque jour,
Sans trêves ni détours.
N’être soi même, qu’à travers l’autre,
Pour l’autre,
Jusqu’aux limites du temps,
Des larmes et des faux-semblants.
On aime parce que l’on se cherche
Et non parce que l’on se trouve.
Les sentiments s’assèchent ;
La morale s’installe et réprouve.
On cherche, alors ailleurs,
Ce qui nous fait peur.
On cherche ailleurs, un autre paysage
Un autre visage.
Un autre univers, un autre temps,
Comme un destin tortueux cheminant,
Entre les certitudes d’hier et le présent.
Chaque jour devenant comédie
Chaque paresse, hypocrisie.
Je ne me supporte plus
Je me torture, je me tue !
Je manque d’air !
Je ne sais que me taire.
Le silence est mon ami.
Disputant au vent de la verte campagne
Le linceul de l’oubli.
Ma plume, une triste compagne,
Gémissante, à l’encre fade,
Griffonne mes pensées malades.
J’attends !
Sur le quai de mes regrets,
Je ne sais qui,
Je ne sais quoi ?
Mon pire ennemi,
Peut être moi ?
Je partage encore ce soir,
Quelques rimes dérisoires.
Une ivresse de papier,
Se consumant dans un cendrier.
Juste un mot sur le frigo.
« Ne m’attends pas, ne m’attends plus ! »
La vie chante faux !
Il pleut sur ce qui n’est plus !
Vincent
« La Sagesse, c’est apprendre le temps ! » ( Le Vénérable)
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