C’est dans la brume matinale
D’une aurore automnale
Que le son triste du glas
Emporté par le vol du choucas
Résonne de vallées en vallées
Dans les villages esseulés.
C’est dans la brume matinale
D’un ciel bien trop sale
Que le gros bourdon
Gémit à l’unisson
Dans les plaines et les vallons.
Le vent gifle les vivants
D’un froid vif et cinglant
Et l’on célèbre entre les pierres hurlantes,
Bien tristes funérailles pesantes.
La pluie achève les chevaux
qui tirent le lourd fardeau
De la mort.
Alors on ira pas crier dans les chaumines
Car la douleur se tait
Comme la chaleur dans le matin frais
Comme la bouche close de la famine.
Alors on ne pleurera pas
Comme le ciel si triste, si las
Si loin, si bas
Les larmes du trépas.
Alors on ne parlera pas
Car la douleur torture les bouches
Et la mort rend farouche
Les vivants d’ici bas.
Lorsque midi a sonné
Et que le voile s’est levé
La terre respire enfin
Elle roule en poignée sur la tombe
Et sur le couvercle de sapin
Brisant le silence du défunt
Comme le bruit sourd d’une bombe.