Un soir dans une gare, une main qui s’égare
Sur un visage hagard que tes yeux ont brûlé.
Il fait nuit, tellement ! Oh, noir ! Terriblement !
Pas un rai de lumière ne rompt l’obscurité.
La ténèbre se tait au long du quai désert
Qu’un grand silence comble en vide de l’absence.
Si demain j’étais vieux, le monde et son mystère
Cesseraient d’abreuver ma soif de ta présence !
Mais n’est-ce pas ton pas que la bruine porta ?
Ou n’est-ce que la pluie qui s’amuse à mourir
Au creuset des chenaux, en mimant le désir
De la danse amoureuse qui te portait vers moi ?
Moi qui rêve le jour qui tisserait de joie
Ces motrices fantômes, ces squelettes de voie ...
Allumerait d’un doigt ces métalliques roux
Qui rongent de mort rouge l’âme sombre des roues.
Je suis dans cette gare et je suis ton jumeau ;
La nuit nous a nommés, l’amour nous baptisa.
Sur la voie de garage froide comme un tombeau,
J’attends le dernier train, retour de l’au-delà.
J’ai été ton miroir avant que ne le brisent
Les cailloux de la vie et les chaos du temps ;
De l’étoile enflammée par ces heures exquises,
Il nous reste un trou noir... Oh, noir, terriblement !
Avril 2005
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