Dire que j’étais derrière
Derrière son enterrement,
Dire que je traverse ce chemin,
Dire que la roue s’arrache
Dire que moi tout seul , je m’amourache
Dire que je m’amourache d’elle
J’l’ai pas vu partir, son ombre
Elle, dans le village,
Elle si gentille,
Elle si généreuse,
Qu’une aile se serait posée sur son dos
Qu’un loup
Mangerait d’un baisé la chair de son cou
Elle, elle était si blanche, si muette,
Elle, je la vois si fluette
Elle que je vois lâche, si garce !
Dire qu’elle était si jolie malgré l’âge
Derrière sa poudre, son maquillage,
Dire que son nuage si blanc, si noir
N’était qu’un voile tout vêtu de blanc
Dire que cet enterrement là
C’est un chien qui aboie
Et le chat qui périt de soif
Au fond d’une cuisine devant le bol de lait
Qui se vide, qui se caille
Et ce chat qui a froid et qui se meurt
C’est moi qui te pleure
Non pas parce que j’ai faim ou que j’ai peur
Mais parce que déjà demain ta main me manque
du bout de ta tombe
du bout de ta terre
du bout de ton ombre
du bout de ce monde
Du bout de ton ongle.