Dans un coin, accroupie, salie,
Seule, pleurant, maudissant la vie,
Elle se rejoue ces dernières secondes,
Lentes, les plus salies, immondes.
Un mot de trop, plus haut qu’un autre
Sorti d’un esprit brouillon plein de fautes
Qui ne souffrait plus ses humeurs
Avec beaucoup trop de rancœur.
Un mot, un seul, un mot de trop.
Un souffle de vie partit trop tôt.
Vidée, la maison se referme sur celle
Qui s’est vidée en perdant son soleil.
Des chiffons mouillés sur les mains :
Le papier des adieux succincts
Lus et relus, compris enfin.
Un corps lourd dans la chute sans fin.
Un tablier qui l’étouffera,
Les sanglots dans sa faible voix
Grossissant sa gorge, son cœur mort.
Un mot, un seul, un mot trop fort.
Le sol l’aspire, la chahute.
Les murs l’enferment, la persécutent.
Elle se sent partir la rejoindre
Lui redire qu’elle n’a rien à craindre
Ces mêmes mots d’une maman.
Bien avant de la perdre, bien avant.
Une survie dans son désert ?
Une seule goutte d’eau dans la mer :
Un ptit mot de moins, rien de plus,
Des attentions qu’elle n’a pas vues.
Retrouver sa poupée, son âme
Partie avant d’être femme.
Une gamine perdue, sauvage
Qui a arraché sa page,
Comblé les lignes de ses mains
Pour oublier tous ses chagrins.
Une mère toute seule sur le carreau,
Etendue, le cœur artichaut.
Une fille, inerte sur son doux lit
Tâché du maquillage qu’elle mit
Pour se taillader les veines,
Pour laisser couler toute la peine.
Dans le néant de la maison
Deux pauvres âmes à l’unisson
Se suivent et quittent leurs cœurs meurtris
Un mot de trop, un mot suffit.
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