Voûtée de solitude, d’ennui et de malheur,
Le visage fripé par les longues années,
Le regard délavé par les pluies de son cœur,
Une vieille dame retient ses pensées.
Elle sourit, parfois, trouvant un souvenir
Au creux de sa mémoire fanée par les saisons
Et dans ce doux miroir, sa jeunesse et son rire,
Reflets d’insouciances, de joies, de passions.
Elle parle au silence, son compagnon fidèle,
Et ses lèvres pâlies par l’âge et les soucis
Lui murmurent sa vie de jolie jouvencelle,
De maman attendrie par le Ciel, bénie.
Le soleil, ce matin, lève sa paupière
Et dépose ses ors au pastel de ses yeux ;
Le jour farde ses joues de vive lumière
Effaçant la vieillesse aux sombres jours pluvieux.
Aujourd’hui, elle oublie la chaise et la fenêtre,
Complices de l’attente, témoins de ses chagrins ;
Elle sait une visite : son fiancé, peut-être !
Il lui a fait promesse de demander sa main...
L’horizon derrière, elle avance légère
Et sur le fil du Temps, aujourd’hui s’est perdu ;
Les heures se sont tues, vides de tous repères...
Saura-t-elle demain dans sa mémoire nue ?
Sur le drap de la nuit s’arrête son voyage...
Son regard se referme sur ce passé chantant ;
Quand le jour s’ouvrira, elle aura en ombrage
L’amnésie du présent et de ses cheveux blancs.