Lève toi,
Il est l’heure.
Un long chemin t’attend que tu ne connais pas
Et que tu feras seul car je resterai là.
Depuis l’aube je bois la Lune du regard
Et sa bouche gelée qui gobe les étoiles.
Au loin le vent spirale
Et se ferle de voiles.
Lèves toi, il est tard.
As- tu senti danser sur ton ventre endormi
Les sources indigo courues de l’horizon
Elles fuient leur prison,
Incises et légères sur le mur de la nuit
Laisse-moi te conter le rire blanc candi
Qui écharpe le ciel à l’heure du brûlant...
Derrière cette dune une fournaise attend
De dérouler ses crocs sur le sable tiédi.
Il faudra que tu boives,
Souviens t’en,
Parcimonieusement
De l’eau de la fontaine.
Chaque goutte puisée a coulé dans mes veines
Chaque goutte cueillie te chantera mes peines
Et les larmes versées
Pour que tu aperçoives
La muraille rêvée .
Au terme du voyage
Tu verras des forêts de bagasses et campêche
De grands chevaux sauvages
Ivres de leur galop viendront lécher les mèches
De tes cheveux blanchis, offrir leur doux chanfrein
Aux caresses de tes mains
Et leur croupe couverte d’épais canepin.
Je garderai le vent, les cailloux et la plaine
Je garderai le bois et les promesses fruits
Je garderai mes peurs cachée au fond du puits
Et en pensant à toi je sèmerai des graines
Au vent.
Lève toi et va-t-en.
Je me suis gardée pure
De tes lèvres brûlées par la fièvre d’été
J’ai rêvé de baisers comme on rêve d’épure
J’ai rêvé de ce que tu m’as tant refusé.
Lève-toi. Mes mains se sont usées
A porter le bois mort pendant que tu dormais,
Entretenir pour deux
La flamme de ce feu.
Il te faut t’en aller, marcher aux infinis
Découvrir tes soleils. Laisse-moi à l’oubli.
Laisse -moi au sommeil,
La froidure me suffit.
Il est temps.