Vois-tu le monde obscur, brillant de mille fêtes
Où nous vivons sans but en nous saoulant le cœur,
Un monde où tout se vend, un monde où tout s’achète,
Un monde sans pitié, sans amour, sans honneur ?
Vois-tu sur les étangs passer des nuées sombres,
Des vents et des brouillards noircis de puanteurs,
Vois-tu à l’horizon des orages sans nombre
Bourgeonner et tonner sur ce monde d’horreur ?
Alors ressouviens toi de tes grands murs de pierre,
Des immenses brassées d’air pur et de beauté,
De la gaieté d’antan, des chansons de ton père,
Dans un monde d’azur et de simplicité.
Regarde tout là-bas, il n’est plus de jeunesse...
Ils sont plusieurs milliards ces vieillards saugrenus,
Ces enfants saturés de fausses allégresses,
Et l’on voit mal venir des futurs malvenus.
Ressouviens toi encor des vieux gours et des sources,
Des valats aux grands rocs patinés et moussus,
De l’eau claire, des bois parcourus à la course
Et remercie le ciel de la grace reçue.
Souviens toi des cépées, des bancels, des vieux serres,
Souviens toi des anciens qui vécurent ici,
Du rire de ces vieux et des yeux de ta mère.
Tu peux, tous les matins leur dire un grand merci...