SPLEEN 2
Avec rime et ... raison
J’ai croisé le chaland, silencieux, tragique.
Il voguait sans clapot, dans le soir qui tombait
Le long du vieux canal, sur la rive où plombait
Le néon grelottant d’un tripot nostalgique ....
Dans ce crachin brumal, son étrave galbait
Une eau noire, irisée, aux mouvances magiques
Désespérément seul, fantôme léthargique,
Qu’un triste feu, sur le gaillard d’avant, nimbait.
Son ombre disparue, par la nuit asservie
Il me sembla soudain voir défiler ma vie.
Je fus prise d’angoisse... et je pressai le pas.
Le glissement du temps, Ô barque incohérente !
Mène insensiblement chacun vers ce trépas
Où l’âme disparaît... dans l’aube indifférente.
Claudia Bartolo